La tête dans le sac, départ vers la tanière du vénéré voisin de fraternité. Direction Chéronvilliers, confondu, à raison, avec Moussonvilliers, autre bled pommé hautement recommandé pour l'arridité de son sol cybernétique. Comprenez-moi bien : il semble être plus facile aux gens, dans ce genre de bourgades, de revendre une journée entière à se griller les côtes au soleil jaune ou au choix à se les peler sévère dans les bourrasques pluvieuses du bocage normand... Ca fait mes affaires, peut-être, niveau quantité, mais je pourrai toujours pleurer sur la qualité au bois dormant...
Bref, une moisson dans les champs du Pays d'Ouche, ou du Perche, ça ne se refuse pas. A la clé, non pas des rats, lâchés dans les villes cette fois-ci, il faut croire, mais quelques trouvailles au petit matin, vite ensevelies sous l'assaut de la malchance, qui s'est emparée de mon ombre dès les deux premières rencontres à l'étalage faites. Deux lieux, deux récoltes décroissantes, une façon de se traîner sa paranoïa. « Putain on a tout ratissé avant moi », « Rien, que dalle », « Rien du tout, bredouille ». Beaulieu, deuxième chef-lieu, abonné aux suffrages Lepenistes, pour une dernière participation à l'obole du collectionneur, et puis s'en va...
La route en dit long, plus que prévu, avant de rejoindre Longny-au-Perche. Un mouchoir de poche, une blague, un sketch pour qui veut perdre ses deniers à turlupiner du chef, en trahissant ses guiboles par la nonchalance saturée de ses pieds. Bonjour, deux chiens qui se bouffent la gueule à deux bras d'embardée. Les laisses tendues à l'excès, prêtes à rompre, le spectacle aurait été de toute beauté. Lâchez les fauves, « mignons » de façades, enhardis d'aboiements jouissifs dans la seconde qui suit. La queue remue, les humains dégustent de leurs oreilles feuilles de choux. Appréciera celui qui s'en foutra. Moi je me retire, pulvérisant ma jouissance mécontente ailleurs...
Virage, retour arrière, virée vers le prochain port. Arrivée, village oublié. Une nouvelle estocade narquoise du Néant. Rien aux alentours, mais rien de rien. La semaine prochaine, petit, pour les kilomètres, c'est pépé perdu qui régale ! Hop, une nouvelle mouflette balancée à la gueule pour l'investisseur matinal. Ô joie, je me dirige alors vers un nom qui suinte le raffinement : Les Ressuintes.
Un cercle aux contours mal foutus pas très cycliques. Un tour vite fait, une babiole pas vraiment dans mes cordes récupérée à la déchetterie du coin qui l'aurait engloutie. Sauvée, pas Willy, des jeux électroniques MB inconnus au bataillon.
Et retour mitigé, avec quelques pièces manquantes à l'amas colossal poussiéreux, à un prix moyen pour les transactions de lève-tôt, voire supérieur aux prix pratiqués dans les contrées des rats urbains. Rat des villes ou rat des champs, c'est toujours la roulette Russe !
Ramasser, c'est bien, dépenser, c'est bien. Se faire escroquer avec les yeux collés, c'est bien. On fait le malin pour le plaisir régulier de l'aventure du pauvre à bas prix, avant de ressentir l'amertume inquisitrice de la remise en questions vaines. Remise en jeu, à terme. Renouvellement, et rebelote au prochain week-end. La prochaine sera meilleure ! A bientôt le nouveau « moi » !